
Publié le 07 janvier 2022
Rencontre avec “Le Père Noël est une ordure” !
À quelques jours de la pièce de théâtre Le Père Noël est une ordure qui se tiendra le 14 janvier à l'Espace Julien-Green, Andrésy Mag a rencontré Didier Delcroix, le metteur en scène à l’origine du renouveau de ce grand classique des années 80, ainsi que Marc Stojanovic, alias Katia dans la pièce. Rencontre...
Rencontre avec “Le Père Noël est une ordure” !
Andrésy mag : Avant d’être adapté en film par le réalisateur Jean-Marie Poiré en 1982, “Le père Noël est une ordure” est une pièce de théâtre écrite en 1979 par la troupe du Splendid. Votre “revisite” s’est inspirée de la pièce de théâtre initiale. Quelles sont les différences majeures avec le film ?
Didier Delcroix: A l’origine, le texte du Père Noël est une ordure avait été écrit pour le théâtre. Lorsque la troupe du Splendid a tourné le film, plusieurs scènes ont alors été rajoutées pour le cinéma.
Lorsque l’on se plonge dans le script d’origine, on se rend compte que c’est un vrai bijou pour le théâtre. Beaucoup de répliques sont scéniquement très riches. Afin que les spectateurs puissent conserver certains repères avec le film, nous avons repris plusieurs répliques qui nous semblaient intéressantes.
Andrésy mag : La pièce de théâtre “Le père Noël est une ordure” fait partie du patrimoine culturel français. Comment fait-on lorsque l’on est metteur en scène pour la réinterpréter ? Quels sont les pièges à éviter ? Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Didier Delcroix : C’est un pari redoutable car les gens connaissent toutes les répliques. Ils ont même en tête, la manière de les dire ! C’est pour cela que nous avons choisi travailler chaque réplique et surtout sur le rythme général de la pièce. A première vue, c’est un paramètre qui n’est pas perceptible par le public mais, je peux vous assurer que le rythme (dialogue, phrasé, entrée et sortie des personnages, etc.) que l’on a en 2021 n’est pas le même qu’en 79 ! On le voit bien dans l’unique captation de la pièce qui a été réalisée par le Splendid à cette période.
Andrésy mag : Pierre Mortez, Thérèze, Katia, Zézette, Félix, M. Preskovitch... Parmi tous ses rôles clés de la pièce, lequel a été le plus difficile à réinterpréter ?
Didier Delcroix : Stéphane Le Moal alias Félix est un comédien qui n’avait pas joué depuis longtemps mais qui connaissait bien le genre du café-théâtre. Pour lui, ce rôle constituait une remise en route... Et puis, c’est également un comédien à l’opposé de Gérard Jugnot (gros gabarit, assez fort...) ce qui donne un Felix assez singulier finalement...
Amélie Boulnois alias Thérèse est un personnage qui demande énormément dans l’attitude et dans la présence. C'est le personnage que l’on voit le plus mais qui a le moins de répliques.
Nicolas Vogel, notre Pierre Mortez, est quant à lui un vrai hyperactif à qui on a ajouté un côté un peu volage...
Marc Stojanovic, alias Katia : Pour ma part, je ne me suis pas mis d’interdit côté interprétation. Nous avons conservé certains traits de caractère du personnage interprété par Christian Clavier mais pour le reste, Katia possède sa propre personnalité inspirée de personnages qui ont pu me marquer, et forcément un peu de moi-même également.
Andrésy mag : Si vous deviez dresser le portrait de Katia dans la pièce, quel serait-il ?
Marc Stojanovic, alias Katia : Katia est une personne qui ne vit pas dans son temps. C’est une personne qui se serait senti beaucoup plus à l’aise aujourd’hui qu’il y a trente ans. Elle essaie par tous les moyens de faire comprendre que c’est un être humain qui ressent des choses qui sont autorisées et qui sont belles. Il faut aussi mentionner que dans la pièce, les rôles de Thérèse et Katia sont reliés car elles étaient mariées. Suite au départ de Thérèse, Katia va tomber dans une dépression ce qui la conduira à se prostituer, puis se travestir...
Didier Delcroix : Notre Katia est très différente du personnage du Splendid. C’est le personnage dramatique de la pièce ! Contrairement à son apparence outrancière, il n’est jamais dans la caricature. On n’a pas besoin de la pousser dans l’outrance pour le faire exister. Comme les autres personnages, il a conscience qu’il est au mauvais endroit au mauvais moment mais c'est le premier qui va s’en rendre compte. Et là, nous avons une différence majeure entre le film et la pièce car ici, le personnage de Katia connait une issue dramatique.
Andrésy mag : Dans la vraie vie, quel conseil auriez-vous donné à Katia pour éviter son issue tragique ?
Marc Stojanovic, alias Katia : Si je l’avais croisée en 2022, je lui aurais dit d’assumer pleinement sa bisexualité.
Andrésy mag : Dans une pièce de théâtre, le décor occupe un rôle important. Pourriez-vous nous en dire plus sur le choix de ce dernier ?
Didier Delcroix : On a tenu à reproduire une décoration particulièrement vintage. On souhaitait que le temps d’une soirée le public voyage dans les années 80 ! Bien sûr, on retrouve le bureau avec le téléphone à cadran, et le canapé où se déroule pas mal de scènes. Nous avons également un électrophone qui produit un son qui arrive directement sur scène.
Marc Stojanovic, alias Katia : En tant que comédien, chacun participe au choix de son costume et de ses accessoires. Ma Katia fait preuve d’élégance. Elle est habillée d’une belle robe en strass violette, d’une fourrure assortie, d’une belle perruque et d’un maquillage très présent. C'est une tout autre Katia que celle présente dans le film !
Andrésy mag : Tout le monde a forcément en mémoire une réplique culte du film. Si vous deviez en retenir qu’une seule, ce serait...
Marc Stojanovic, alias Katia : Les répliques de Zézette me font beaucoup rire dont une particulièrement, c’est “sac à merde”. Amélie Boulnois, la comédienne qui joue le rôle de Zézette l’incarne totalement. Quand ce sac à merde sort, il est rempli de tout ! (rires)
Didier Delcroix : “Qu’est-ce qu’elle a la mongolienne ? “ La réplique que Katia rétorque à Zézette lorsqu’elle lui balance “sac à merde” me fait particulièrement sourire. Je trouve que c’est un échange d’amabilités particulièrement frais. J'aime aussi beaucoup la réplique de Pierre qui répète sans cesse “c’est cela oui”. Ca nous rappelle vaguement Thierry Lhermitte dans les Bronzés font du ski avec son “je t’expliquerai...”.
Andrésy mag : Enfin pour terminer, selon vous, le père Noël est–il vraiment une ordure ?
Didier Delcroix : Dans cette pièce-là, ce n’est pas quelqu’un de très clean ! (rires!)
Le Père Noël est une ordure
Mise en scène : Didier Delcroix
Avec Gilles Barre, Amélie Boulnois, Stéphane Le Moal, Mélissa Martinho, Marc Stojanovic et Nicolas Vogel